Elle portait en elle la marque de Satan,
ses cheveux étaient couleur de sang
et sa peau ne supportait le soleil du zénith.
Elle était sorcière pour qui la jugeait,
fantasme pour qui la voulait.
ses cheveux étaient couleur de sang
et sa peau ne supportait le soleil du zénith.
Elle était sorcière pour qui la jugeait,
fantasme pour qui la voulait.
En Occident, la couleur rousse est l'interdit ultime, le tabou absolu. Pis: la marque de Satan. Durant la longue période de l'Inquisition, qui voit son apogée au XVIIe siècle, les roux étaient suspectés d'entretenir commerce avec le diable. On en donnait pour preuve que leurs cheveux avaient pris la couleur des flammes de l'enfer, dont ils s'étaient trop approchés. Un éclat très particulier.
En 1611, Jacques Fontaine, conseiller et médecin du roi, publie même un ouvrage traitant Des marques de sorciers et de la réelle possession que le diable prend sur le corps des hommes, en y évoquant les éphélides comme des empreintes démoniaques. Le sort des femmes est le moins enviable: leur toison et leurs taches de rousseur, témoins de leurs relations sexuelles avec le diable, leur coûtent... la vie! "On estime qu'à la suite de l'Inquisition ces marques conduisirent près de 20 000 femmes au bûcher, sur une période d'un siècle et demi", précise Xavier Fauche.
Dans l'inconscient collectif, et pour l'éternité, les rousses prennent des allures de sorcières. Devenue un signe d'opprobre, la rousseur fut volontiers attribuée, par la suite, à ceux dont on voulait fustiger la violence, la jalousie ou la fourberie.
Caïn, premier criminel de l'humanité? Roux. Judas, qui vendit le Christ pour 30 deniers? Roux aussi. Tout au moins selon la tradition, relayée par de nombreuses représentations iconographiques et par quelques expressions sibyllines, tel "poil de Judas", désignant le cheveu roux. Pourtant, aucun texte biblique ne mentionne la couleur de la chevelure du traître... "Bien d'autres figurent au tableau du déshonneur, parmi lesquels Salomé, dont les danses lascives et voluptueuses firent perdre la tête à saint Jean-Baptiste", raconte encore Xavier Fauche. Un cliché de plus, propre aux femmes celui-ci. Car si, chez l'homme, la rousseur évoque la violence, chez la femme elle suggère plutôt la passion, les désirs exacerbés, voire... la prostitution.
Saint Louis, roi de France, tolérait le commerce du corps mais exigeait des filles de joie qu'elles se différencient des "honnêtes femmes" en se teignant en orange. Un édit de 1254 codifie cette obligation, ne craignant pas les amalgames les plus insultants: la rousseur est associée au "feu de l'enfer", aux "forces débridées" et aux "délires de la luxure". Car leur parure vaut paradoxalement aux rousses un attrait légendaire auprès de bien des hommes. Cette fascination est-elle due à des considérations esthétiques ou à l'imaginaire populaire qui fait de l'orangé la couleur des sens exacerbés? Un peu des deux, sûrement.
Au Maghreb, le cheveu roux est également perçu comme un message érotique à l'adresse des hommes, mais il est largement positif: on conseille aux jeunes femmes de se teindre la crinière au henné, couleur du sang et preuve de fécondité.
Moi j'aime beaucoup le roux ^^